Par Christophe Catarina le mardi 6 septembre 2011, 10:48 - Humeur
Comment appréhendez vous ce cyber-espace qui semble se trouver dans votre ordinateur, juste derrière votre écran, à portée de votre souris ?
Quelle est la représentation mentale que vous utilisez pour manipuler toutes les facettes de cet univers immatériel qui devient chaque jour de plus en plus le notre ?
Je viens de réaliser, à la lecture d'un commentaire de Philippe Scofoni sur son blog, que mon utilisation des bureaux est bien différente de celles qui ont certainement inspiré les créateurs de ces nouvelles interfaces qui fleurissent un peu partout; de Windows8 à OS-X Lion et, plus proche de moi, Gnome3 et surtout Unity. De là à y trouver l'explication de mon rejet, il n'y a qu'un pas.
En fait, je ne fonctionne pas mentalement "par activité" ; d'où mon insatisfaction devant ces Gnome3 et autres Unity dont c'est l'approche assumée.
Je ne me dis pas : "Tiens, je vais retoucher des images." en attendant de me retrouver devant un espace de travail où se trouveraient rassemblés, disponibles, tous les outils liés à cette activité.
Non ! c'est trop séquentiel pour moi.
Je ne fonctionne pas non plus "par type d'application" : un bureau pour internet, un pour le jeu, un pour le graphisme, etc. Je suis d'accord avec Philippe c'est une organisation bien trop rigide.
J'y vois comme un parallèle avec le choc de l'entrée au collège où il faut apprendre à changer de salle pour changer de matière; ça gène une approche globale de l'acquisition des savoirs.
Et je n'aime pas trop les cloisonnements.
Faute d'une meilleure appellation, disons que je fonctionne plutôt "par sujet"; ou "par idée".
Parce que si, pour moi aussi, "activité = combinaison d’applications", je fonctionne à un niveau plus global où "sujet = combinaison d'activités". Et mon ordinateur est mon assistant sur tous les sujets à la fois, au fur et à mesure qu'ils se présentent (et j'ai rarement une grande prise sur l'ordonnancement de toutes ces sollicitations).
Le meilleur parallèle que j'ai pu trouver est l'atelier d'un peintre où il y aurait plusieurs chevalets avec, sur chacun, une toile en cours, et posés à coté une palette, des couleurs, des pinceaux. Il y aurait des huiles, des aquarelles, et une ou deux statues aussi, ou des moulages de terre glaise. Et le transat près de la chaine hifi pour reposer ses yeux en ouvrant ses oreilles. Et le fauteuil près de la fenêtre pour lire confortablement. Et la table basse autour de laquelle, avec ses amis, on refait le monde en discutant et en buvant l'apéro.
Et tout ça dans une même pièce ! Mais ce qui peut sembler être un capharnaüm à d'autres est en fait la projection minutieusement orchestrée d'un esprit global, multi-tâches, qui les mène en parallèle et simultanément. Cette forme d'organisation dont seul l'auteur comprend la logique et qu'on nomme : vrac[1].
Toutes proportion gardées (je ne suis pas un artiste), j'y retrouve cette façon d'être que j'avais, enfant, où j'ouvrais mes cahiers sur des pages neuves pour faire mes devoirs; un pour le français, et un autre pour les maths, etc. Et le bureau étant rapidement trop petit, les livres et les cahiers ouverts finissaient par recouvrir le lit, le sol ...
Si je reviens à mon utilisation de l'ordinateur, j'ouvre un bureau[2]
à chaque fois que que je me lance sur un sujet.
Et il est presque certain qu'il induira plusieurs activités, souvent les mêmes que pour le sujet sur lequel je travaille sur le bureau d'à coté. Mais dans mon esprit, il s'agit bien de deux univers séparés.
j'ai par exemple un Firefox d'ouvert sur chaque bureau, et dans chaque Firefox, des dizaines d'onglets[3] en rapport avec le sujet que je traite sur ce bureau.
Si j'ai besoin de mettre un sujet en attente, je crée un dossier de raccourcis qui contient tous les onglets ouvert dans cette fenêtre. Je les ré-ouvrirais tous dans une autre fenêtre vide sur un autre bureau, vide aussi, à un autre moment.
Ce sont au contraire les programmes qui ne se lancent pas plusieurs fois qui me gênent; comme The Gimp. J'ai souvent deux documents en cours de rédaction ouverts sur deux bureaux différents. Pour y insérer des illustrations, il est parfois nécessaire de retoucher une image prise sur le web, ou une capture d'écran. Avec Gimp, j'étais toujours ramené sur le bureau où je l'avais ouvert la première fois et où finissaient par s'accumuler des images sans rapport entre elles, provenant de plusieurs sujets. Voilà ce qui pour moi faisait désordre.
Mais il faut croire que je n'étais pas le seul à trouver ce fonctionnement horripilant puisqu'une option (-n) permet de lancer autant de Gimp que vous voulez.
Si cette petite astuce vous semble utile, c'est peut-être que vous êtes un peu comme moi.