Les usages que Free prévoit avec sa licence

C'est officiel, Free vient de décrocher la fameuse quatrième licence 3G.

Dans un billet écrit voilà trois mois : Que va faire Free de sa licence ?, je me prenais à espérer de la part de Free un usage de cette licence qui corresponde à mes besoins, présents, mais surtout futurs.

Je viens de lire la décision de l'ARCEP qui, pour motiver son choix, lève un peu le voile sur ce à quoi Free s'est engagé. De là à déflorer en partie son futur modèle économique, il n'y a que quelques pas que je vous propose de franchir ensemble.

La neutralité du réseau, enfin

J'en était presque sûr (du moins, je l'espérais très fort), Free, qui a une culture réseau, sait combien sa neutralité est importante. Ils vont vendre de la connexion, avec des limites peut-être, mais dans le volume et le débit, pas dans le temps. Et les usages seront libres, pas bridés.

Que leur importe ce que vous faites du volume de données que vous avez acheté dans votre forfait ? Vous voulez faire de la VOIP avec ? Allez-y, le volume est payé, et ça ne menace pas le modèle économique qui n'est pas basé sur la vente de temps. D'autant que si c'est possible, le réseau Wifi sera utilisé à la place du réseau GSM. C'est souvent le cas des citadins lorsque ils sont chez eux; ils seront joint grâce à la couverture de la Box la plus proche. Cette économie d'échelle est confirmée plus loin dans le document de l'ARCEP.

De même, cette neutralité permettra de voir se développer des plateformes de service indépendantes des opérateurs. Fini le communautarisme qui interdit de composer sa palette de services en les achetant à droite, à gauche. Verra-t-on ainsi la fin de la télé d'Orange qui pourrait intéresser les abonnés d'autres réseaux mais qui leur reste interdite; de Vodafone Live, pré carré de SFR. Peut-être cette ouverture forcera-t-elle la main à une dissociation entre fournisseur de contenu et de tuyau, comme la télévision par ADSL, qui à fini pas s'imposer.

Toutes les plateformes de services pour mobile seront accessibles si elles le veulent bien. Google ayant la même approche sera surement de la partie; ce qui me fait espérer des terminaux basés sur Android. Combien d'autres seront volontaires pour laisser entrer des clients ? Y aura-t-il encore des fournisseurs mixtes cherchant à faire de la rétention de contenus pour protéger leurs tuyaux, prenant ainsi le risque du piratage, avec une perte qui serait alors sèche et totale ?

Convergence mobile-box

J'en rêvais, ils prévoient de le faire ! Les terminaux capable de communiquer en Wifi seront paramétrés pour faciliter l’établissement d’une connexion à un réseau WiFi (chaque Freebox pourrait servir de relai WiFi). Avec le temps, Free pourrait installer des hotspots dédiés dans les lieux publics et intégrer des femtocellules dans les Freebox.

Quand on sait qu'une étude du cabinet Accenture de 2008 révélait que 47% des utilisateurs de mobile estimaient que le fixe aurait disparu en 2010; et plus des trois quarts y voyaient un moyen de leur simplifier la vie. Peut-être que les numéros de téléphone IP (avec un préfixe en 09) seront ceux des premiers "abonnés convergents", permettant un numéro unique Fixe-Mobile, ce qui, toujours d'après cette étude, est le souhait de 57% de la population.

La fin d'une "vente liée" avec une posture éco-responsable

On apprend aussi que, contrairement à l'usage actuel, Free Mobile ne prévoit pas de subventionner les terminaux. Il choisi de proposer des terminaux à prix coûtant avec possibilité d’étaler le paiement sur plusieurs mois.

Le client que je suis va enfin pouvoir comparer le prix des téléphones proposés par Free avec celui des terminaux hors pack que proposent les opérateurs actuels. Les tarifs pratiqués sont souvent tellement prohibitifs qu'on en vient à se demander s'ils ne sont pas simplement destinés à dissuader le client d'acheter autre chose qu'un forfait. En pouvant comparer, on en aura le cœur net.

Et de souligner encore : En général, le tarif des offres actuelles ne diminue pas au delà de la période d’engagement initial, alors que le téléphone est intégralement payé, dévoilant ainsi l'une des plus grosses sources de revenus des trois opérateurs d'aujourd'hui.

Enfin, Free rajoute que cette dissociation incitera l’utilisateur à adopter une attitude rationnelle quant à la fréquence de renouvellement de son terminal. Au lieu de pousser à une obsolescence rapide, transformant des appareils parfaitement fonctionnels en déchets pas toujours bien recyclés, on peut espérer que la durée d'usage se trouvera allongée, approchant la durée de vie, et favorisant le développement durable.

Vivement 2012 !

Hélas tout cela ne va pas se faire demain matin. Les estimations sont que les premières offres soient commercialisées à partir du début de 2012. Il est donc plus que jamais important de ne pas souscrire un abonnement avec un engagement de plus de 12 mois à l'heure actuelle. Et si vous êtes amené à envisager un renouvellement, faites en sorte que votre terminal tout neuf permette le Wifi et tous les autres services que Free va proposer : La quasi-totalité des services multimédias développés par Free pour ses abonnés haut débit fixe sera disponible sur les mobiles.

Il ne reste plus qu'à attendre en observant la contre offensive des trois opérateurs en place, qui ne va pas tarder à s'organiser.

Sources : Outre la décision de l'ARCEP déjà citée, des éléments proviennent de l'excellente synthèse de Nil Sanyas sur PC Inpact que je félicite au passage et dont je ne saurait trop vous recommander la lecture.