vendredi 7 janvier 2011

Ma mairie sur Facebook ?

A la suite d'un article sur un hub Viadeo, j'ai lu une étude qui s'étonne de la faible présence des mairies sur Facebook, alors même que ce site vient d'enregistrer son 600 millionième adhérent.

L'étude part de constats chiffrés et remarque que nos mairies ne s'empressent pas de créer des Fans Pages officielles, alors qu'à coté, des fans clubs officieux voient leurs nombres d'amis exploser.

J'ai laissé passer la première réaction qui est de dire qu'effectivement, voir une mairie créer cet espace pour y rassembler et y faire se rencontrer et débattre ses administrés pourrait avoir du sens. Peut-être une première pierre posée de cette démocratie participative que certains appellent de leurs vœux.

Mais mes réflexes de libristes ont eu tôt fait de me rattraper et après réflexion, je n'y suis pas favorable. Et je regrette un peu l'attitude de la ville où je réside, Bordeaux, qui n'a pourtant cédé à cette tentation que le 10 novembre dernier[1] pour afficher sur son mur certaines annonces de son canal Twitter.
Pourquoi ? Je m'explique.

Dans la Vraie Vie (IRL[2]), les municipalités mettent à la disposition du public des lieux, comme la place du village, où les gens qui le souhaitent se rencontrent et échangent, et les élus locaux ne sont pas les derniers à venir y rencontrer leurs administrés; même si des esprits chagrins feront remarquer que c'est plus volontiers à l'approche des échéances électorales qu'ils adoptent se comportement.

Bordeaux possède de nombreux lieux de ce type, qu'il serait péjoratif de traiter de "place de village", mais qui remplissent une fonction similaire, sorte d'Agora moderne. Les étudiants savent bien que pour se retrouver avant de sortir, le lieux de rassemblement tacite, c'est Place de la Victoire. Et dans chaque espace disponible, un usage se développe et un public se reconnait.
Mais ce sont des espaces publics ouverts, pas les salons de l'Hôtel de Ville; on ne va pas à la Mairie comme on va au Café du Commerce.

De son coté, la mairie de Bordeaux publie un site plutôt riche en informations et en services aux citoyens. On y trouve même un espace d'échange, version internet de la consultation publique. Mais on n'y trouve pas de forum où chacun peut lancer un sujet ou y répondre, rôle du mur dans une page Facebook.
A chaque lieu, fusse-t-il virtuel, ses usages et sa finalité. Ici, on communique, ailleurs, on discute, on échange, on papote.

Pour finir, et sans vouloir crier au Grand Satan à l'encontre de Facebook, je trouve pour ma part déplacé, de la part d'une émanation de l'état, officiellement et théoriquement exemplaire (ou devant s'efforcer de l'être) qu'elle me pousse plus ou moins directement à participer à ce qui est probablement l'une des plus grande collecte de données privées réalisée à l'échelle de la planète.

A titre d'exemple; j'ai reçu récemment un mail d'une grande enseigne de distribution me conviant à un jeu-concours "Gratuit et sans obligation d'achat", comme le veut la formule consacrée. En examinant de plus près cette offre, je me suis aperçu que pour participer, il fallait avant toute chose s'inscrire comme "Fan" de la page du distributeur en question.

Alors certes, on ne m'obligeait pas à acheter un bien quelconque, mais j'étais obligé de donner, définitivement et sans contrepartie directe, une parcelle de ce "Social Graph"[3] qui à tant de valeur aux yeux de la régie publicitaire de Facebook. Du coup, la participation devenait à mes yeux payante, au contraire de l'étude marketing que s'offre ainsi à peu de frais le distributeur organisant l'évènement.

La gratuité n'existe pas, tout le monde en est maintenant convaincu; et les données personnelles sont une matière première que des sites comme Facebook savent affiner et recouper pour leur donner plus de valeur que vous ne pensez quelles ont.
Il convient de se demander comment ces soit disant offreurs de services se payent.

Notes

[1] Elle n'avait pas encore basculée à la date de l'étude, et la date d'écriture de ce billet, la page Facebook "Bordeaux, ma ville" n'a pas encore atteint les 1000 fans, alors que la page officieuse "I Love Bordeaux" a dépassé les 100000 !

[2] IRL : acronyme de In Real Life; littéralement, "Dans la vie réelle"; utilisé pour faire la différence avec ce qui ce passe sur les réseaux, IRC à l'origine, et dont Facebook est un des descendants.

[3] On lira avec intérêt ce billet, hélas un peu technique pour beaucoup, qui montre la simplicité avec laquelle il est possible d'exploiter l'immense masse de données et de relations qui dorment (pas pour tout le monde) dans les serveurs de Facebook.

dimanche 2 janvier 2011

Bonne Année 2011

Pour la deuxième fois sur ce blog, je souhaite à tous ceux qui me font l'amitié de me lire une

Bonne et Heureuse Année 2011 !!

Rhums, jeune et vieux

Qu'elle apporte à tous bonheur, santé et réussite; et que la chance nous accompagne tout au long de ces 365 jours.

A bientôt.

samedi 18 décembre 2010

Licence mobile de Free; point d'étape

Depuis plus d'un an maintenant[1], je me suis hasardé à un exercice de prospective qui ressemble un peu à un pari sur ce que Free allait bien pouvoir faire de cette licence de téléphonie mobile, obtenue face à une opposition énorme du triumvirat d'opérateurs en place (et d'un Président de la République qui aurait du rester au dessus de ça) à un prix certes moins élevé que celles précédemment octroyées, mais quand même.

L'annonce du lancement de la nouvelle FreeBox V6 "Révolution", moins d'un mois après celle de son concurrent SFR, a fait couler beaucoup d'encre tant le décalage entre la vision de notre proche futur numérique diffère entre Free et les autres[2].

Nombreux sont les articles pour détailler autant les caractéristiques techniques du matériel que celles de l'offre commerciale, s'attardant soit sur la présence d'un lecteur BlueRay Disc, ou celle d'un NAS assez conséquent, certainement suffisant pour les usages courant de stockage partagé au sein d'un foyer, soit sur l'arrivée d'une boutique de jeux en ligne.

C'est certes très bien, mais de toutes ces annonces, somme toute logiques venant de Free, je retiens particulièrement l'offre relative aux appels gratuits illimités vers les mobiles de tous les opérateurs depuis la Freebox. Elle conforte ma vision de ce que Free Mobile prépare pour 2012; voici pourquoi.

Pour ceux qui ont connu la téléphonie mobile à l'époque où les tarifs étaient variables en fonction des opérateurs des deux correspondants, avant de voir ce 'communautarisme' disparaitre; ou qui se souviennent de la guerre du tarifs de la terminaison d'appel pour le fixe, initiée par Free d'ailleurs, qui a abouti à ce que tous les appels vers les numéros 'normaux' soient ... gratuits, ou du moins inclus dans le forfait de façon illimitée; cette nouvelle offre semble faite pour changer fortement certaines habitudes. Un peu comme pour commencer à expliquer : "Ce qu'on vous vend ailleurs très cher n'a quasiment pas de valeur", on ne va pas vous le faire payer, c'est inclus dans le forfait.

Petite parenthèse, savez-vous ce qu'est un compte SIP[3] ?
Disons pour simplifier que c'est un numéro de téléphone grâce auquel vous pouvez sortir d'internet pour rejoindre le réseau de téléphonie classique. C'est une sorte d'interface entre la VOIP (Voix sur IP, c'est à dire entre deux terminaux raccordés à l'Internet) et les réseaux voix des opérateurs téléphoniques, comme les réseaux analogiques (paires de cuivre de France Telecom) ou mobiles (réseaux GSM).

Des opérateurs (OVH, ippi, et d'autres) proposent ce service et vous facturent les communications sortantes, chacun selon sa grille tarifaire. Dans son forfait d'abonnement internet, Free intègre ce service pour ses clients; la grille tarifaire étant celle de son offre de téléphonie.

En terme d'usage, cela me permet, une fois raccordé à Internet (depuis un wifi gratuit dans un hôtel par exemple) de téléphoner comme si mes appels téléphoniques 'sortaient' de ma Freebox. J'utilise Twinkle pour appeler quand je suis en déplacement. Et quand j'utilise ce programme et le compte SIP de Free pour cela (plutôt que le trop bien connu Skype), mes appels téléphoniques semblent venir de ma Freebox (présentation du numéro) et sont facturés pareil. Autant dire que, vers les fixes, ils sont déjà quasiment tous gratuits; et bientôt, ce sera pareil vers les mobiles de tous les opérateurs[4].

Si des applications existent déjà pour les ordinateurs classiques, fixes ou portable, qui permettent d'utiliser cette fonction; on trouve maintenant leur équivalent sur les smartphones.

Prenons l'exemple de Sipdroid, application pour smartphone Android; son principe est d'utiliser le réseau le plus proche, Wifi ou GSM (c'est configurable), pour 'entrer' sur internet et établir une liaison VOIP (un appel téléphonique) qui 'sort' d'Internet grâce à un compte SIP. Pour le moment, les contrats des opérateurs excluent l'usage du réseau GSM pour entrer sur internet dans le but d'établir une liaison VOIP; l'interdiction étant purement commerciale, il n'y a pas d'impossibilité technique.

En me basant sur ces petit outils qui existent déjà, je vais juste m'aventurer un peu plus loin dans ma prévision de ce que sera le téléphone portable de Free Mobile ? Un simple terminal d'accès à l'internet multi-réseaux (tous les smartphones actuels en sont déjà capable) qui cherche le moyen le plus pertinent pour entrer et le met à la disposition d'une application de VOIP comme Sipdroid.
Au final, on obtient du Mobile à Mobile, gratuit et illimité ... on est très, très loin du modèle actuel des vendeurs de minutes.

On aura peut être droit à une clause de type fair use (limitation qui existe déjà pour les volumes de données) pour éviter que certains exagèrent au détriment des autres; d'autant que, pour le moment, les ressources en termes de réseau sont finies, et pas illimitées. Mais qu'importe, la grande majorité des utilisateurs aura accès à un usage nouveau, forfaitairement. Et le réseau ne pourra aller qu'en s'améliorant, comme l'a fait l'ADSL. D'autant que la VOIP n'est certainement pas le protocole le plus consommateur de bande passante.

Voilà bien une innovation de rupture dont C. Christensen prétend que c'est le meilleur moyen de créer un modèle économique où l'on sera dominant en rendant obsolète le modèle économique existant.
Free aura bien mérité, encore une fois, son surnom de trublion; plus seulement de l'internet mais aussi du mobile ...
Bientôt, j'espère

Notes

[1] Le lecteur pourra relire ces trois billets : Que va faire Free de sa licence, Les usages que Free prévoit avec sa licence et Free Mobile; ça se précise ...

[2] X. Niel, patron d'Iliad reconnait dans une interview que France Telecom (et j'ai noté qu'il ne dit jamais "Orange") est le seul de ses concurrents à se poser des questions sur l'attente des clients. Il considère les deux autres comme des suiveurs (distancés ?) et des copieurs (sans talents ?). Je dois avouer que mon avis est assez proche.

[3] SIP signifie "Session Initiation Protocol", ce qui n'éclaire pas vraiment sur les potentiels d'usages qui se cachent derrière le protocole et la technologie.

[4] D'ailleurs, c'est déjà le cas pour les mobiles au USA et au Canada.

vendredi 17 décembre 2010

La centralisation, talon d'achille du Web Social

On savait Yahoo à la peine, et engagé dans une campagne de communication sur son évolution.

Parmi les annonces destinées à rassurer les investisseurs, l'une d'elle commence à faire jaser : la fermeture de del.icio.us, le site de Social bookmarking, l'un des premiers ancêtre du plus récent et plus 'à la mode' Pearltrees.

Perdre le service offert par ce site inquiète de très nombreux internautes qui cherchent activement des solutions alternatives.

Hélas, toutes sont porteuses du même défaut : la centralisation. Au lieu d'être calquées sur la structure maillée d'Internet, elles sont toutes basées sur la réunion en un lieu unique de toutes les informations de tous les utilisateurs, créant de ce fait ce que les spécialistes en sécurité appellent un Single Point of Failure, ou SPOF, que nous traduisons en français par Point Individuel de Défaillance.

Et le fait qu'il soit fonctionnel et non technique (les serveurs sont redondés, protégeant le service de la défaillance d'une machine), ne le transforme pas moins en véritable Talon d'Achille.

Ces 'techno-réfugiés', forcé d'émigrer vers d'autres services, vont avoir à faire face à deux problèmes :

  • exporter la part de données qui est actuellement sur les serveurs de Yahoo, et le faire dans un format qui soit exploitable par leur futur outil,
  • choisir un service où ils retrouveront les mêmes homologues[1] qui faisaient la richesse et l'intérêt de la mise en commun.

Des voix s'élèvent déjà pour demander que Yahoo ouvre le code de son service et le donne à la communauté; imitant ce qu'a fait Google avec le code de Wave, qu'il n'a pas réussi à intégrer dans sa stratégie, mais qui va renaitre grâce à la fondation Apache. Espérons qu'elles soient entendues.

Notes

[1] Je n'aime pas le terme "amis" utilisé à tord et à travers quand on parle de Web Social. Je tiens mes propres amis en trop haute estime pour les confondrent avec des gens que je ne connais pas et qui n'ont qu'une coïncidence en commun avec moi.

lundi 6 décembre 2010

Le mensonge, liant social ?

J'avais une fois déclaré à mon professeur de mécanique : "Sans frottements, on aurait besoin de bien moins d'énergie pour faire tourner une machine; plus de roulements à billes, plus de lubrifiants, ce serait plus simple." Ma remarque partait d'un constat trop hâtif que mon professeur tempéra en m'expliquant que, sans l'existence des frottements, la mécanique n'existerait tout simplement pas : "On ne pourrait plus serrer une vis et un écrou sans qu'il se dévissent d'eux même aussitôt."

Quand je vois ce qui se passe à l'heure actuelle avec le site Wikileaks; j'en viens à penser que le mensonge, au moins par omission, est un liant social, nécessaire à l'assemblage que constitue nos sociétés telles qu'elles sont, alors même qu'elles érigent la Vérité en valeur suprême. Ce mensonge, qu'on serait ouvertement condamné à combattre, tout en prenant bien soin de ne jamais laisser la Vérité remporter une victoire complète par éradication.

Je ne peux m'empêcher d'y voir cette dualité équilibrée du Yin et du Yang, du Bien et du Mal, ou plus prosaïquement, en informaticien que je suis, du Vrai et du Faux : le 1 et le 0.

D'ailleurs, si c'est un assourdissant concert de voix qui réclame une muselière technico-juridique pour faire taire Wikileaks, pas une seule ne mets en doute la véracité des révélations qui y sont faites. Il s'agit donc bien d'une attaque distribuée[1] qu'il s'agit, venant des pouvoirs de tous bords, dirigée contre la manifestation de la Vérité, cet espèce de Graal de tout système judiciaire.

Finalement, cet excès de Vérité est peut-être un juste rééquilibrage après trop de mensonges. L'histoire jugera, cette histoire que Napoléon qualifiait de "mensonge que personne ne conteste".

Notes

[1] Allusion aux attaques de type DDOS (Distributed Denied Of Service) dont le site wikileaks.org et ses innombrables miroirs sont la cible; méthode brutale pour faire taire un site en le rendant inaccessible, habituellement plutôt utilisée par des cyber-criminels.

mercredi 24 novembre 2010

"Apple Tax", mythe ou réalité ?

La guerre Apple contre Microsoft existe depuis ... que ces deux compagnies existent, ou peu s'en faut.

Les deux camps ont leurs aficionados, défenseur ardent, voire jusqu'au-boutistes, de ce qu'ils pensent être la vérité, face aux attaques, forcément basses et calomnieuses, de l'autre bord. J'ai des amis dans les deux sectes[1], j'en parle en connaissance de cause.

Quant à moi, plutôt versé dans des logiciels libres, si peu sectaires qu'ils fonctionnement aussi bien sur les matériels des uns que sur ceux des autres, j'aimerais bien pouvoir les comparer ces matériels, sur ce seul plan, pour savoir délier ma bourse à bon escient.

Je viens de lire un article qu'il fallait oser, factuel et objectif (une gageure), qui s'attaque de front à une comparaison entre les MAC et leurs homologues PC/Windows. C'est Hot Hardware qui s'y colle ici (en anglais).

Je ne détaillerais pas les comparaisons, les tableaux et autres détails; c'est argumenté, dépassionné, intelligemment écrit et présenté.

Mais je suis assez d'accord avec la conclusion qui conforte ma vision d'Apple, le B&o de l'informatique; pas le meilleur, mais assez bon pour éviter les critiques; plus cher, mais pas outrageusement pour la qualité offerte. Un luxe raisonnable, affiché dans une différence de bon gout.

En y réfléchissant bien, je viens de réaliser que si je suis en fait plutôt déçu de l'offre informatique actuelle, c'est que les fabricants de PC ne tentent pas d'investir ce segment qualité/prix (déjà bien occupé par Apple il est vrai) et ne fasse que dans la course au low cost ou à la puissance. Et en tant que libriste, je me demande si finalement Windows n'en serait pas la cause ?

C'est vrai, qui achèterait un presque MAC, presque aussi cher, mais équipé d'un Windows qui ne l'exploiterait pas aussi bien qu'un OS-X sur une machine Apple ?

A moins qu'une distribution Linux comme Ubuntu ... sur le matériel d'un grand constructeur asiatique ... ? Et si Canonical s'y lançait, s'ils le faisait ...

Notes

[1] Petite pique parfaitement volontaire et totalement assumée; après tout, c'est des amis ;-)

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