Bing vient se cultiver à la BNF

Fiction :

Un ami, qui donc connait mes convictions éthiques, m'appelle au téléphone pour me signaler que Microsoft vient de placer son moteur, Bing, là où Google avait été éconduit avec peu de ménagement : sur le fond Gallica de la BNF.
Pendant qu'il me lit l'article, la liaison se dégrade, rendant une partie du discours inaudible; voilà ce que j'entends :

"Cet accord ... est le fruit d'un long travail avec ... président de la BNF ..."

Je ne sais pas si ce sont les parasites, mais j'ai l'impression d'entendre le bruit des liasses de billets qu'on compte. Je me fais plus attentif, intrigué.

"Il marque une étape ... notre vision de la recherche sur internet en France : la collaboration ... dans le respect de ... la propriété intellectuelle et du développement de la société ... Steve Ballmer ... très heureux ...

Une petite goute froide coule le long de mon dos. Que déduire de ce que je viens d'entendre ?

Fin de la fiction.

En fait, j'ai moi même lu l'article original, en entier; il est factuel; rien à redire[1].

Mais, est-ce que je suis un peu lassé de toutes ces communications tonitruantes ? Suis-je le seul de leur trouver un coté tellement décalés dans leur coté 'bisounours' avec la peu reluisante réalité des procès innombrables, véritable billard judiciaire multi-bandes ?

Le fait est qu'à force de chercher à redresser les discours officiels pour les lire entre les lignes, je fini par ne plus croire 'sur parole', par chercher à 'recouper les sources', je me rend compte que je fini par faire le boulot d'un journaliste(dur labeur, au passage), alors que je souhaité simplement être son lecteur.

Heureusement que je lis principalement des articles techniques, je n'ose pas imaginer les affres qui seraient les miens si mes lectures étaient plus ... politiques.

Notes

[1] D'ailleurs, et j'espère que l'auteur (Olivier Chicheportiche) ne m'en tiendra pas rigueur, mais je dois à la vérité de transcrire ici sans altération le passage que je me suis amusé à saucissonner. Je cite : "Cet accord avec la BNF, le premier du genre pour Microsoft, est le fruit d'un long travail avec Bruno Racine (président de la BNF) et ses équipes. Il marque une étape décisive dans la concrétisation de notre vision de la recherche sur internet en France : la collaboration avec les institutions et partenaires français dans le respect de leur identité, de la propriété intellectuelle et du développement de la société de la connaissance", commente Steve Ballmer, patron de Microsoft, très heureux d'avoir damé le pion à Mountain View.

Commentaires

1. Le samedi 9 octobre 2010, 15:42 par AlexM

Comme vous, je me suis posé la question. Si vous avez qques réponses à d'autres questions que je me pose, n'hésitez pas (http://bibnum.over-blog.com/article...)

2. Le lundi 11 octobre 2010, 07:55 par Pierre Col - Antidot (et toujours aussi Kizz TV)

Pour l'accord entre Microsoft et la BNF, il faut préciser, car il semble y avoir eu une certaine confusion, que

* un appel d'offres public est en cours à la BNF pour refaire le moteur de recherche de son site web Gallica. Tous les acteurs qui comptent dans le monde du "search" sont concurrents de cet appel d'offre, dont des éditeurs de logiciels français comme Antidot (www.antidot.net/... pour qui je travaille aussi désormais) mais aussi Sinequa, Polyspot... et Exalead récemment racheté par Dassault Système. Oui, il y a plusieurs bons éditeurs français de moteurs de recherche et cela ne se sait pas assez :-)
Il s'agit bien là du moteur de recherche interne que va choisir la BNF et qui sera utilisé prochainement sur son site Gallica.

* l'accord BNF - Microsoft porte sur le fait que la BNF va faire en sorte que ses contenus soient "bien indexés" par Bing, pour être facilement trouvés par les utilisateurs de Bing. C'est d'ailleurs probablement le moteur interne utilisé par la BNF qui sera chargé de fournir à Bing les éléments d'indexation et métadonnées les plus pertinents.